A partir de janvier 1965, lorsque Ariel a du cesser son activité, il m’a fallu « sortir » de la cidrerie : apprendre à rencontrer les banques, visiter les clients, assister aux réunions professionnelles concernant le cidre (Syndicat National de l’Industrie Cidricole) et les jus de fruits (Union Nationale des Producteurs de Jus de Fruits). Suivant en cela les conseils de mon père, j’ai assisté à des congrès professionnels comme celui de l’embouteillage, notamment à Evian dans les années 60. Je me souviens que la production de cette source était de 300.000 blles / jour, ce qui me semblait extraordinaire, alors qu’à Bellot 30 ans plus tard la cidrerie conditionnait 200.000 blles / jour ! A partir de 1967 à Bordeaux, j’ai assisté à tous les Congrès de la FNB (Fédération Nationale des Boissons). S’y retrouvaient chaque année pendant 5 jours en octobre les distributeurs de boissons ainsi que les producteurs, car c’était pour eux une formidable occasion de rencontrer clients et « prospects ».
Lorsque le président Laperrière a créé le département des producteurs de boissons gazeuses, j’y ai naturellement adhéré en tant que fabriquant de sodas et limonade, et en suis devenu quelques années plus tard le Délégué Général. Par voie de conséquence, je fus l’un des vice-présidents de la FNB et de plus en plus connu dans la profession tant auprès des distributeurs que des grands producteurs comme Coca Cola, Kronenbourg ou Evian qui m’invitaient aux soirées réservées à leurs clients, ainsi qu’aux buffets comme celui de Pampry (bien qu’appartenant à Joker !). Là encore, j’ai pu cotoyer beaucoup de personnes intéressantes et me faire mieux connaître. Coca Cola avait peu apprécié que nous fabriquions et commercialisions du Sinalco Cola. Ils me proposèrent d’arrêter cette activité et de distribuer du Coca Cola dans notre clientèle « collectivités ». La marge était intéressante et bien que le cola ne soit pas facile à embouteiller (mousse persistante), j’ai accepté tout en demandant que partout le Fanta chez nos clients soit remplacé par nos sodas « Atlas ». Cet accord n’a pu être réalisé que grâce aux relations via la FNB. Grâce au Département Production de la FNB, je présidais chaque année son Assemblée Générale ce qui me donnait l’occasion d’accueillir les leaders de la profession ainsi que des hauts fonctionnaires. J’ai également fait des exposés lors des Congrès FNB et même à l’Union Européenne des Jus de Fruits (sur les emballages). Lorsque j’étais Président de l’AICV (association internationale des cidres et vins de fruits) j’ai pu nouer des contacts avec des producteurs étrangers rencontrés lors de réunions à Bruxelles ou de Congrès qui se tenaient chaque année dans une ville européenne différente avec bien entendu des visites d’entreprises. Ainsi en Finlande à Turku, où se tenait un congrès AICV, j’ai pu rencontrer et visiter pour la deuxième fois une firme qui produisait outre des vins de fruits une boisson à base de pomme sous la marque « CAP » , avec une étiquette à fond blanc ce qui rappelait l’étiquette CAPS elle aussi à fond blanc ! Nous avions envisagé une collaboration mais ce produit n’avait guère sa place en France.
Le salon de l’embouteillage et celui de l’emballage étaient également une occasion de faire des rencontres, mais aussi et surtout de voir les nouveaux matériels et les dernières technologies. A noter que la soutireuse Baele Ganfloff dédiée aux petites bouteilles à Bellot provient d’un de ces salons. Elle était exposée sur leur stand, et nous a été ainsi cédée à moindre coût.
Pour l’Administration et à fortiori les « politiques », un maire est bien plus considéré qu’un chef d’entreprise. Aussi, mes 5 mandats de maire et 2 comme président de l’Amicale des Maires du canton de Rebais ont favorisé des contacts souvent amicaux avec les élus départementaux. (Jacques Larché, Alain Peyrefitte ou Etienne Dailly (qui donna son nom à la fameuse loi permettant aux PME notamment de remettre en banque leurs factures et d’être crédité du montant avant la date d’échéance de la traite, d’autant que certains clients comme la Grande Distribution ne sont jamais « pressés » pour renvoyer nos effets.
Incontestablement, les responsabilités dans les diverses organisations professionnelles et interprofessionnelles ont favorisé le développement de la cidrerie. Le fait d’avoir été grâce à Jacques Tessières président pour la Seine et Marne du Syndicat National de la Petite et Moyenne Industrie et vice-président national m’ont permis de rencontrer là aussi des « politiques » ou des hauts fonctionnaires de ministères, ce qui a servi la profession et par voie de conséquence la cidrerie. Présenté avec l’étiquette SNPMI j’ai été élu membre titulaire de la Chambre de Commerce de Meaux après avoir fait campagne avec le soutien d’amis comme Jacques Roulet ou Pierre Coudron, membres du syndicat.
Je fus également sollicité pour être Conseiller auprès de la Banque de France de Meaux, une expérience enrichissante dans la mesure ou siège dans cette instance les « patrons » de certaines des sociétés les plus importantes du nord de la Seine et Marne. Ce n’est pas négligeable non plus lorsqu’il s’agit de rencontrer le directeur de la Banque de France, que je suis amené à revoir pour l’obtention du prêt de campagne réescomptable présenté par la banque, qui non seulement garantit le montant mais permet d’obtenir un taux particulièrement avantageux.
Le Président de Marne et Morin Jean Bernini qui siégeait comme moi au Conseil de Banque de France et du Tribunal de Commerce de Meaux me demanda de me présenter aux élections. Après une « courte campagne », j’ai été élu juge au Tribunal de Commerce de Meaux. Là encore, une expérience personnelle très enrichissante tant sur le plan relationnel que du fonctionnement important de cette instance quant aux conséquences pour les justiciables.
Les relations publiques c’est également faire partie d’associations comme le Rotary. Parrainé par un très grand ami notaire, Henri Olier, hélas disparu trop tôt, j’ai intégré celui de Coulommiers, pur y mener des actions humanitaires ou caritatives tant en France que dans les pays en voie de développement. Au Rotary on doit servir et non « se servir », mais j’ai remarqué que certains utilisent ostensiblement le Rotary pour leur carrière ou leurs affaires. » J’ai dû démissionner car je ne pouvais satisfaire aux exigences de la règle du Rotary en matière de présence (un apéritif ou un repas par semaine), et ce bien que mes amis rotariens m’aient dit que cette exigence ne pouvait me concerner compte tenu de mon activité et de mes déplacements.
Commentaire de Serge Mignard.