Jusqu’en 1943, les habitants de Bellot n’avaient d’autre choix pour se baigner que le confluent entre le ru et le Morin (« le bout du ru » ou « la pointe »). La température de l’eau atteignait difficilement 18°C les périodes de canicule, mais on s’y amusait et on organisait des fêtes nautiques avec concours de natation, joutes, course au canard… Un ponton y a même été installé, ainsi qu’une cabine de déshabillage en bois.
A la suite de sa démobilisation en 1940, Ariel a gardé en mémoire le drame de la poche de Calais, les images de ces jeunes soldats tombés à l’eau dans la panique du rembarquement et certains d’entre eux noyés, faute de savoir nager. Son idée était qu’il fallait construire une piscine à Bellot pour apprendre à nager à tous les enfants. La commune avait acheté le terrain derrière le ru, mais la période se prêtait mal aux grandes réalisations techniques. le 14 février 1942, le projet de construction d’une piscine (ou plutôt d’un bassin scolaire) et d’un terrain scolaire d’éducation physique et sportive à Bellot a été adopté de justesse par le conseil municipal, avec le ru comme la source d’alimentation de la piscine. Ariel souhaitait un bassin de 25 mètres (qui aurait dû être construit sur l’autre rive du ru), mais il ne put obtenir l’accord que pour un de 15m x 10 m, et seulement 1m10 de profondeur. C’était mieux que rien.
Construire, soit … mais avec quoi ? Tout manquait, sauf la bonne volonté. L’ingénieur des travaux publics de Coulommiers (Mr Tarento) a fourni les plans et les jeunes de l’Etoile Sportive de Bellot se sont attelé au creusement du trou. Pour la maçonnerie, on a disposé d’ouvriers italiens de la cidrerie et le sable a été apporté de Château Thierry. Manquait les 25 à 30 tonnes ? de ciment, introuvables en 1942 ! L’ingénieur d’Ariel, Monsieur Tarento, est parvenu à obtenir des bons de ciment et le camion à gazogène de la cidrerie est parti pour Paris. Après de nombreux palabres (le ciment était semble-t-il destiné au mur de l’atlantique), le précieux chargement a été rapatrié à Bellot en plusieurs voyages. Il n’a d’ailleurs jamais été payé. « C’était une juste restitution » a sobrement commenté Ariel.
Commentaire de Serge Mignard.