Le siège de Sinalco se situait à Detmolt en Allemagne de l’Ouest. En dehors de ce pays, on le trouvait en Suisse et dans certains pays du Golfe (Liban par exemple). Hormis en Alsace, la France ne connaissait pas ce produit. Il parut donc opportun pour la cidrerie de s’intéresser à ce produit pour sa clientèle « collectivités » et entrepositaires grossistes, d’autant qu’au Sinalco Orange s’ajoutaient Sinalco Kola (type Coca Cola) et Sinalco Tonic (type Schweppes).
Nous avions obtenu la concession exclusive pour toute l’Ile de France avec extension possible dans les départements limitrophes. Il nous a fallu commander une bouteille Sinalco gravée (sérigraphiée !) qui avait un grand inconvénient : le prix ! En effet la bouteille de 20 cl était consignée à l’époque 20 centimes alors qu’elle coutait 30 centimes. Ainsi, il résultait une perte de 10 centimes pour chaque bouteille non retournée, c’est-à-dire bien supérieure à la marge brute. De plus, nous devions utiliser des caisses Sinalco personnalisées. La cidrerie a finalement obtenu d’utiliser la bouteille 25 cl classique blanche (dite apollinaris) pour les « collectivités », mais devait conserver la bouteille originale pour les grossistes qui livraient les bars, cafés, brasseries et restaurants. Nous avons également conditionné Sinalco en litre BVL (même bouteille que pour la limonade).
La cidrerie a demandé à la société Sinalco une aide financière pour toutes formes de communication, notamment pour le lancement (affiches, objets publicitaires, promotions, sponsoring, prospection…). Or l’aide dite publicitaire était proportionnelle à la quantité de concentré utilisé pour la fabrication dont la formule était « secrète » et que nous recevions en bidons directement d’Allemagne. Peu de vente au début, donc peu de concentré et par voie de conséquence … peu d’argent pour la publicité. Il y a bien eu un concours financier au démarrage mais notoirement insuffisant et que nous devions compléter largement. Mécontents à une époque de la politique d’Orangina, les grossistes de Seine et Marne n’étaient pas fâchés de l’arrivée d’un concurrent. Ainsi, nous avons pu vendre rapidement plusieurs centaines de milliers de bouteilles.
Le Sinalco kola faisait de l’ombre à Coca Cola à qui il prenait quelquefois la place en collectivités. Coca Cola nous a alors demandé de ne plus fabriquer Sinalco Kola (difficile à embouteiller à cause de la mousse) et de livrer leur produit en lieu et place en nous faisant un tarif « spécial ». Le deal fut accepté à condition qu’il n’y ait plus de Fanta chez nos clients, ce qui fut accepté et tenu. Le remplacement de Sinalco Kola par Coca Cola a été bénéfique car les ventes ont augmenté et la marge également. Après quelques années, nous avons dû rompre notre contrat avec Sinalco qui n’avait pas compris que face à des marques réputées il fallait investir largement en communication.
Commentaire de Serge Mignard.